Le Ciel de Nantes, un tendre portrait de famille au Théâtre de l'Odéon

Théâtre de l'Odéon
Du 8 mars au 3 avril 2022

 

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Après avoir présenté sa “famille artistique” dans Les Idoles (Odéon, 2019), Christophe Honoré fait appel à sa propre famille avec Le Ciel de Nantes. Depuis longtemps, l’auteur, metteur en scène et réalisateur porte ce projet en lui comme “un film imaginaire”. Mais c’est finalement sur un plateau de théâtre aux allures de cinéma désaffecté qu’il le met en jeu. La famille, ressuscitée à l’appel de Christophe, vient pour assister à son film, qui aurait témoigné d’eux tous. Trois générations sont là. Odette, dite Mémé Kiki, veuve de guerre, a eu dix enfants, dont huit avec le père Puig. Parmi eux, Jacques, Claudie, Marie-Do. Sur fond d’histoire sociale, de luttes ouvrières, d’immigration, de guerre d’Algérie, de montée de l’extrême droite, l’intrigue entrelace six destins sur trois générations. Cinquante ans de non-dits et de comptes à régler. Beaucoup de souvenirs aussi, qu’on s’offre comme des cadeaux : matchs des “Canaris” à la télévision, mélodies de Sheila et Joe Dassin… Un portrait de famille où, le temps d’un spectacle, le besoin de parler aux êtres aimés s’exprime avec une tendresse déchirante.

Une fois encore, Christophe Honoré nous livre l’une des épopées familiales dont il a le secret. Mais cette fois-ci cependant, c’est à la sienne qu’il se consacre. Sous les yeux des spectateurs, il déroule le fil d’un film jamais réalisé, retraçant l’histoire de sa famille maternelle. Une famille trop nombreuse, trop sensible, décimée par la violence, les addictions et la mort. Et pourtant une famille où l’amour et l’attention règnent en maître. Tout au long de la pièce, portée par une légèreté et un art romanesque magnifiques, chacun se livre, s’apprivoise, pour nous faire part d'une histoire puissante, face à laquelle nul ne saurait rester indifférent.

 Dans une vieille salle de cinéma désaffectée, le jeune Christophe Honoré a donné rendez-vous à certains membres de sa famille, triés sur le volets, pour leur parler de ce qui pourrait apparaître comme le projet d’une vie : un film autobiographique, hommage à une famille déchirée, victime de tous les excès.
Sont au rendez-vous sa grand-mère Odette, dite mémé Kiki, son grand-père (campé par le bluffant Harrison Arévalo), trois de ses oncles et tantes, et pour finir sa mère, la seule de cette joyeuse compagnie à être encore en vie (astucieusement interprétée par Julien Honoré, frère du metteur en scène, et donc son propre fils). Sur un fond d’histoire sociale, et de lutte des classes, Christophe Honoré orchestre un magnifique ballet où les vivants et les morts se mêlent et se démêlent, pour nous parler de leurs joies, de leurs peines, et jouent cartes sur tables pour revenir sur trois générations de non-dits et de secrets. Le portrait déchirant d’une famille brisée et où chacun cherche, en livrant sa vérité, à recoller non sans peine tous les morceaux éparpillés.
Alors que le narrateur essaye tant bien que mal de dérouler le fil de son histoire, chacun y va de son anecdote, de sa version des faits, pour nous inviter à survoler la lourdeur dramatique qui plane grâce à une ironie sous-jacente et des répliques mordantes, souvent remplies d’humour. Une sorte de puzzle impressionniste, fourmillant de tendresse, dont se dégage une ode à la vie et à la famille, portée par des acteurs impressionnants de talents. Chacun à sa manière, les comédiens se dévoilent avec une justesse toujours parfaitement maîtrisée pour nous faire vibrer avec eux au fil des mots qu'ils déversent.
Les scènes s’enchaînent avec une fluidité sans pareil, ponctuées par des vidéos et des intermèdes musicaux dont seul Honoré à le secret. De Sheila à Joe Dassin, en passant par Barbara et les musiques de son fidèle ami Alex Beaupain, le réalisateur nous livre une fresque touchante, véritable témoignage de l’amour qu’il porte à ses proches décimés. Un hommage qui, malgré ses craintes, nous apparaît tout à fait à la hauteur de cette famille bouleversée par la vie. Un moment de grâce, qui nous pousse à réfléchir sur l’importance de l’héritage, de la transmission, et sur la façon dont les morts continuent à nous influencer au quotidien.

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